Interview de Yvon Léon,
Président d'une association intercommunale de chasse de Saint Renan (12 communes)
Administrateur de la fédération de chasse du Finistère

L'ouverture de la chasse, cela représente quoi pour vous?
Pour un chasseur, l'ouverture générale de la chasse est un moment mythique: il va pouvoir enfin profiter intelligemment des efforts de gestion qui ont été faits au cours de longs mois. C'est un moment d'intense émotion pour un passionné: pouvoir évoluer dans la nature en compagnie de ses chiens, chiens d'arrêt, chiens courants. Le Finistère recèle de plusieurs types de chasse: le gibier d'eau, la perdrix, le faisan, la chasse sous terre, les différentes formes de chasse avec des chiens courants: le lapin, en passant par le renard, le chevreuil, voire le sanglier. C'est vrai que le chasseur  n'aime pas rentrer bredouille. Il est heureux quand un lapin, un pigeon, un faisan viennent concrétiser une belle journée dans la nature, mais la priorité n'est plus le prélèvement à tout prix. La chasse, c'est donc avant tout un grand moment de partage au sein de la nature en compagnie de ses chiens et de ses copains. C'est aussi de la convivialité.

Quelle est la situation de la faune locale aujourd'hui?
On est en présence d'une faune locale qui se porte bien. Il existe une grande diversité de gibiers. Le lapin reste très présent à tel point qu'il est classé nuisible sur une grande partie de la zone littorale, mais il ne faut pas oublier que c'est un animal très sensible à différents virus. Le lièvre est en progression constante. Les chevreuils sont de plus en plus nombreux à l'ouest du département, on doit cependant être attentif à leur prolifération à cause des problèmes de sécurité par les traversées de route. Le sanglier est un animal erratique plus présent dans le centre Finistère et dans les massifs boisés du département. La perdrix et le faisan restent avant tout du gibier de tir, malgré les efforts importants de gestion pour promouvoir les populations naturelles. Le pigeon est en grand nombre. La bécasse, un animal mythique pour le chasseur finistérien, est présente dans le département, car nous nous trouvons sur les chemins de migration du nord de l'Europe vers le sud. Nous pouvons dresser un tel tableau, grâce aux efforts permanents de gestion réalisés par les chasseurs notamment par la limitation des prédateurs et par la préservation de la faune. La régulation des espèces est importante. Il ne faut pas oublier qu'il y a désormais des cassures dans la chaîne de prédation. Certains animaux ne sont plus prélevés que par l'homme. Tous les ans on prélève plusieurs milliers de renards dans le Finistère. Le renard est bien connu pour les dégâts causés sur les élevages. Il l'est beaucoup moins pour la transmission de certaines maladies aux animaux et même aux hommes.

Quelle est votre perception des chasseurs aujourd'hui?
On est passé d'une situation d'après-guerre où le gibier abondait à une situation où il faut conjuguer, aujourd'hui, à chaque instant, la gestion, la protection et un prélèvement bien équilibré. La grande majorité des chasseurs a compris cette impérieuse nécessité. Ils sont conscients que la pratique de leur sport, le devenir des espèces sont liées au respect de règles et à un fort investissement pour la nature, ceci à chaque instant de l'année.

Comment évolue la relation «chasse/agriculture »?
Le lien « chasse/agriculture » est permanent. Il s'est tissé depuis des siècles. Il s'est accentué ces dernières années. Pour avoir du gibier, il est indispensable d'avoir des espaces entretenus. Ce sont principalement les agriculteurs qui se chargent de cet entretien. Des progrès sont constatés dans la relation tant dans la contractualisation au travers des baux de chasse que dans la qualité de la relation « chasseur/agriculteur ». Sur certains sujets, il est important de savoir accepter des concessions réciproques. Par exemple pour le lapin de garenne, il faut admettre que quand il est en grand nombre, il peut nuire à la production agricole. Il y a quelques années, beaucoup d'agriculteurs étaient chasseurs. Aujourd'hui beaucoup de citadins chassent. De ce fait, les responsables de la chasse mettent l'accent sur la nécessité d'apporter une attention particulière à la qualité de la relation « chasseur/agriculteur ».

Quelle est votre vision de l'utilisation des espaces naturels?
Il faut faire admettre que la nature par définition appartient à tout le monde, ceci dans un contexte où de plus en plus de personnes, voire d'associations, revendiquent de pouvoir en disposer à son gré. Pourtant les intérêts divergent. Les agriculteurs prioritairement l'utilisent à des fins économiques en prenant de plus en plus en compte la dimension environnementale. Les chasseurs souhaitent évoluer dans une nature où les différentes espèces restent présentes en instituant si nécessaire des périmètres de protection sur certaines zones et pour certaines espèces. D'autre part, d'autres acteurs sont dans la nature : les pêcheurs, les promeneurs, les sportifs ( footing, VTT) … Au final, on y voit de plus en plus de monde. Dans ce contexte, il devient indispensable que chacun respecte l'autre. Les responsables de la chasse quant à eux sensibilisent les chasseurs à l'importance de la tolérance, du respect et de la communication.

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